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Mes saisons d'éducateur

Des émotions, des rencontres, de belles histoires

Coacher ou crier, il faut choisir

Coacher ou crier, il faut choisir

Pour cette reprise du blog, une histoire assez courte. J'ai la chance et le bonheur d'entraîner depuis plus de 25 ans. Un quart de siècle passé sur les terrains, des milliers d'heures d'entraînement, des centaines de matchs et des centaines de joueurs. Et cinq clubs : le Stade Laurentin où tout a commencé, La Trinité où l'on m'a donné la chance d'avoir une équipe première avant que je m'en retourne au Stade Laurentin, le FC Mougins où j'ai vécu des années magnifiques, six petits mois à Cagnes le Cros et Villefranche (devenu cette saison Villefranche-Saint-Jean Beaulieu) depuis un peu plus d'un an.

J'ai tout connu. Des échecs et des succès. Mais davantage encore que les résultats, ce sont les aventures humaines que je retiens. Cette petite histoire qui semble être anecdotique a totalement bouleversé ma façon d'être lors des matchs et ceci grâce à une personne, un dirigeant formidable, perdu de vue depuis mais que je remercie ici chaleureusement.

Nous sommes à Beausoleil pour un match de 15 ans Excellence avec mon équipe du Stade Laurentin. Cela doit être la saison 1997/1998. Il y a 20 ans. Déjà. Fin du match, victoire, tout le monde est content, tout va bien. "Y'a d'la joie" chanterait Trénet.

Les jeunes sont dans les vestiaires et mon dirigeant d'alors, Patrick, m'interpelle gentiment. Il me remet un enregistrement sous forme de mini-cassette en me disant "Tiens, tu écouteras ça".

Et j'ai écouté... J'ai surtout entendu un type qui vociférait sur le banc de touche en ne cessant jamais de donner des consignes à ses joueurs et en hurlant bien plus que de raison. Je n'ai pas reconnu ma propre voix et pourtant c'était bien moi sur cet enregistrement.

Sans m'en rendre compte, je me comportais comme un fou furieux sur le banc de touche. 

Oh, je vous rassure, rien à voir avec les malades mentaux qui insultent adversaires, arbitres et leurs propres joueurs. De ce côté-là, pas de risque, j'ai toujours été très correct. Mais cette façon de crier toutes les trente secondes était, je m'en suis alors rendu compte, non seulement ridicule mais aussi contre-productive. Ridicule car l'image renvoyée est horrible et contre-productive car on y perd en lucidité et nos paroles n'ont aucun effet sur les joueurs qui n'écoutent rien quand on leur hurle dessus du début à la fin et peuvent même s'exaspérer d'une telle attitude de la part de leur coach dont ils attendent bien autre chose.

Depuis, je suis - je le crois - assez calme sur mon banc. Oh, il m'arrive parfois de hausser la voix, d'encourager ou de recadrer un joueur. Mais justement, parce que cela n'est pas permanent, il me semble que cela porte bien davantage. J'ai pris beaucoup de recul sur les événements d'un match. J'essaye plutôt de me concentrer sur ce que je peux faire pour aider mes joueurs : quelles solutions, quels changements, quels ressorts actionner... C'est quand même là notre rôle principal comme éducateur, me semble-t-il.

Je ne crie donc quasiment plus sur mon banc. Sauf en de rares occasions et pour des raisons alors bien précises. 

Parfois, il m'a même été reproché d'être "absent", de ne pas assez encourager mes joueurs, de ne pas assez être avec eux, de ne pas les pousser davantage. Par crainte sans doute de trop en faire. Ce sont souvent d'ailleurs les joueurs eux-mêmes qui m'ont fait remonter ces observations.

Et je reconnais qu'il m'est arrivé de tomber dans cet excès inverse qui est également un défaut. Aussi faut-il bien faire la part des choses. Intervenir, oui. Encourager, oui. Recadrer, oui. Hurler durant toute une rencontre, non.

Depuis, je ne supporte pas d'avoir sur mon propre banc des dirigeants ou des adjoints qui se comportent ainsi. Comme les choses sont claires dès le début, cela n'arrive d'ailleurs généralement pas et si cela peut parfois survenir de façon sporadique, je rappelle immédiatement à l'ordre celui qui s'écarte de cette ligne de conduite.

De la même façon, je tolère de moins en moins d'avoir sur le banc adverse des coachs qui aboient sans cesse. On en rencontre certains qui sont des spécialistes. Le pire est qu'ils ne font pas seulement que hurler après leurs joueurs mais qu'ils contestent tout, tout le temps. Il faut alors faire abstraction mais c'est parfois difficile.

Alors, je me dis qu'il n'ont pas eu la chance, plus jeunes, d'avoir un dirigeant comme Patrick pour leur faire comprendre de la façon la plus intelligente qui soit, que cette attitude n'était tout simplement pas la bonne.

 

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